Les missions à l’étranger exposent les travailleurs en déplacement professionnel au risque de contracter la « turista ». Suivez nos conseils de prévention !
Les travailleurs amenés à voyager au-delà des frontières françaises dans le cadre de leur activité professionnelle redoutent souvent le paludisme, la dengue, l’hépatite, le chikungunya… Même si la prévention de ces maladies est nécessaire, le risque de les contracter est rare. Il arrive bien plus souvent d’être frappé par la « turista » (ou tourista) : cette diarrhée du voyageur touche 40 % des personnes en déplacement (dont 19 % sont des voyageurs d’affaires).
Les désagréments de cette maladie en termes de bien-être et de confort – difficiles à gérer dans le cadre du travail et, de surcroît, à l’étranger - mettent le salarié voyageur en difficulté pour répondre à ses obligations professionnelles. Il convient donc de l’informer et de le sensibiliser en amont.
Qu’est-ce que la turista ?
La turista est une diarrhée qui survient généralement trois à cinq jours après l’arrivée du voyageur. Elle est particulièrement présente en Amérique Latine, en Afrique, en Asie et dans le sud du bassin méditerranéen.
Les symptômes sont des diarrhées, des douleurs abdominales, auxquelles s’ajoutent parfois des vomissements et de la fièvre. La plupart du temps bénigne, cette affection peut toutefois entraîner une grave déshydratation qui peut même se révéler mortelle chez les personnes les plus fragiles : nourrissons, personnes âgées ou ayant une maladie chronique.
S’y ajoutent les risques de devenir porteur de bactéries multirésistantes aux antibiotiques et de contaminer son entourage.
La prévention de la turista repose sur l’hygiène
La turista n’est pas causée par le changement de climat ou de régime alimentaire, mais par le manque d’hygiène. Sa prévention repose donc sur la mise en place, dès le début du voyage, de mesures d’hygiène strictes.
Hygiène des mains
- Se laver les mains avec de l’eau et du savon ou du gel hydroalcoolique plusieurs fois par jour, impérativement avant les repas et après un passage aux toilettes.
- Se sécher les mains avec du papier à usage unique.
Hygiène alimentaire
Le standing extérieur de l’établissement dans lequel il réside ne doit pas rassurer le voyageur. C’est en cuisine que tout se joue !
- Éviter l’eau du robinet, les glaçons (souvent préparés avec de l’eau courante), l’eau en sachet et les jus de fruits reconstitués.
- Consommer de l’eau en bouteille, en boîte décapsulée ou ouverte devant soi.
- À défaut, utiliser un désinfectant pour l’eau en comprimés (à se procurer en pharmacie) en prenant la précaution d’attendre environ une demi-heure avant de consommer l’eau traitée.
- Éviter les aliments à haut risque : aliments crus ou peu cuits, crudités, salades de fruits déjà préparées, plats froids, lait et produits laitiers (sauf si pasteurisés et conditionnés dans des contenants fermés), œufs, glaces artisanales, sauces dont mayonnaise, coquillages, crustacés, produits surgelés…
- Favoriser les aliments à faible risque : bien cuits et servis chauds, bien conservés (biscuits), très sucrés (confiture, miel, gelée, sirop…), fruits entourés d’une peau et épluchés par le voyageur lui-même, boissons très chaudes.
Quelle attitude adopter en cas de turista ?
La prévention médicamenteuse n’est pas recommandée : les probiotiques sont non toxiques, mais leur efficacité n’est pas prouvée. Quant aux antibiotiques, ils sont à discuter avec le médecin traitant en fonction de l’état de santé et des antécédents médicaux du voyageur (déficit immunitaire, maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, diabète, utilisateurs de médicaments anti-acide…).
Le traitement, dans un premier temps, repose sur la réhydratation, mais la réhydratation par de l’eau uniquement est insuffisante car pauvre en électrolytes. Les boissons de type « cola » sont mal adaptées car pauvres en sel et trop riches en sucre.
- Préférer les jus de fruits sans pulpe, riches en potassium, ou les boissons isotoniques utilisées par les sportifs (disponibles en grande surface) ainsi que les sels de réhydratation orale (SRO) à se procurer en pharmacie.
- À défaut, utiliser un soluté artisanal : dans un litre d’eau bouillie ou désinfectée, ajouter une cuillère à café rase de sel et six cuillères à café de sucre ;
- Alterner les aliments salés et sucrés (gâteaux secs salés avec thés sucrés).
L’antibiothérapie de réserve (c’est-à-dire prescrite avant le départ par le médecin traitant pour être utilisée en cas de turista) est déconseillée sauf dans des cas très particuliers. En effet, son utilisation est fréquemment irraisonnée et induit un sur-risque d’acquisition de bactéries multirésistantes. Souvent prescrits, les antiseptiques intestinaux sont inefficaces.
Ne négligez pas les risques qu’engendrent un déplacement professionnel pour vos collaborateurs.
Votre équipe de prévention et de santé au travail se tient à votre disposition pour vous accompagner dans cette évaluation et dans la mise en œuvre de mesures de prévention.
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