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Inaptitude du salarié : les dernières évolutions juridiques

La gestion par l’employeur d’un avis d’inaptitude demande de connaître la législation et la jurisprudence en vigueur. En 2022 et 2023, la Cour de cassation a apporté des précisions importantes quant aux avis d’inaptitude et à leurs conséquences. Tour d’horizon de ces dernières évolutions.

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Panorama de la jurisprudence des 2 derniers mois
Des solutions de la Cour de cassation ont été rendues en janvier et février 2023 sur plusieurs points de la procédure applicable en cas d’inaptitude du salarié :
  • consultation du Comité social et économique (CSE) sur les postes de reclassement ;
  • preuve de l’obligation de reclassement ;
  • obligation de reclassement dans le cadre d’un groupe ;
  • dispense de reclassement ;
  • inaptitude résultant de faits de harcèlement;
  • articulation de la procédure d’inaptitude avec une procédure disciplinaire.
Lavis dinaptitude détermine le régime de la rupture et de lobligation de reclassement

Par deux arrêts rendus le 8 février 2023, la Cour de cassation a apporté des précisions nouvelles sur les conséquences dune inaptitude totale à lemploi constatée par le médecin du travail.

Dans un 1er arrêt, elle précise que seul lavis dinaptitude détermine le motif de la rupture du contrat de travail, peu important que lemployeur ait déjà engagé une procédure de licenciement pour une autre cause.

Dans un 2ème arrêt, elle confirme également que lorsque lavis retient que tout maintien du salarié dans son emploi serait gravement préjudiciable à sa santé ou que son état de santé fait obstacle à tout reclassement, lemployeur est dispensé de cette obligation.

 

Quand le télétravail préconisé par le médecin du travail s’impose à l’employeur

Une décision de la Cour de cassation indique que lorsque le médecin du travail préconise, pour le salarié déclaré inapte, un poste en télétravail compatible avec ses fonctions, il appartient à l’employeur de proposer ce poste même si le télétravail n’a pas été mis en place dans l’entreprise.

 

Un avis dinaptitude peut être considéré valable même sans étude de poste

Le médecin du travail ne peut constater linaptitude médicale du salarié à son poste quaprès avoir accompli un certain nombre de diligences, notamment après avoir réalisé au moins un examen médical de lintéressé, une étude du poste ainsi quune étude des conditions de travail dans l’établissement.

Dans deux arrêts rendus le 7 décembre 2022 (correspondant à 2 affaires distinctes), la Cour de cassation indique que le défaut de réalisation de l’étude de poste ne remet pas automatiquement en cause la validité de lavis dinaptitude.

 

Inaptitude dorigine professionnelle ou non : le CSE na pas à être consulté en cas de dispense de recherche de reclassement

Dans une affaire, le médecin de travail a délivré un avis d’inaptitude dorigine non professionnelle mentionnant expressément que tout maintien du salarié dans un emploi serait gravement préjudiciable à sa santé ou que l’état de santé du salarié fait obstacle à tout reclassement dans un emploi.

L’employeur, qui est dispensé légalement de toute recherche de reclassement, nest pas tenu de consulter les représentants du personnel pour recueillir leur avis sur un reclassement.

 

Impossible de licencier pour inaptitude le travailleur handicapé d’un Esat

Dans une affaire, un travailleur handicapé d’un Esat (établissement ou service daide par le travail) a été déclaré inapte par le médecin du travail, avec dispense d’obligation de recherche de reclassement.

La Cour de cassation rappelle que les personnes handicapées travaillant dans un Esat sont des usagers de ces établissements et ne sont pas liées à eux par un contrat de travail. Ces établissements ne peuvent pas rompre le contrat pour inaptitude.

 

Inaptitude dun salarié protégé : le licenciement pour faute nest pas impossible

Lorsque le salarié inapte dispose dun statut protecteur, lautorisation de linspection du travail est nécessaire avant de procéder à son licenciement. Et ce licenciement ne peut être autorisé que dans le cas où l’employeur n’a pu reclasser le salarié dans un emploi approprié à ses capacités, au terme d’une recherche sérieuse.
Dans cette affaire, le salarié protégé inapte avait refusé de se rendre aux convocations adressées par son employeur en vue de son reclassement. Un tel comportement peut mettre lemployeur dans limpossibilité de sacquitter de son obligation de reclassement.
Le Conseil dÉtat a admis que, dans ces circonstances particulières, lemployeur peut légalement envisager de licencier le salarié pour un autre motif que l’inaptitude tel un motif disciplinaire.

 

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